Comment rédiger une dissertation ?
Que ce soit en philo, en droit ou en histoire, la dissertation fait souvent peur. Réussir cet exercice d’analyse n’a pourtant rien d’inaccessible : il faut d’abord en comprendre l’esprit et respecter ses règles, et pour commencer, bien poser son sujet. Comment donc trouver une problématique et faire un plan ? La dissertation est un format d’épreuve très répandu en histoire, en géographie, en géopolitique, en français ou encore en philosophie. Il s’agit de mener une réflexion de fond sur un sujet donné. Ce peut être une citation (par exemple, en philo : “Sans la musique, la vie serait une erreur”), un mot (toujours en philo : “La vérité”), deux mots liés par un connecteur logique (“Désir et réalité”), une question (“La conscience de soi est-elle une connaissance de soi ?”). Rédiger une dissertation peut sembler quelque peu intimidant, en particulier si vous ne l’avez jamais fait auparavant. Pas de panique ! Respirez profondément, préparez-vous un café bien fort et lancez-vous dans l’écriture d’une rédaction bien pensée.
Qu’est-ce qu’une dissertation ?
Une dissertation (ou « composition » en histoire) est un exercice d’argumentation organisée !
La dissertation répond à une problématique . L’élément central d’une dissertation est la problématique. Toute l’argumentation de la dissertation s’articule autour d’un problème que vous présentez sous la forme d’une question centrale.
Exemple de problématique de dissertation :
- Sous forme de question : L’être humain est-il un animal social ?
- Sous forme de déclaration : L’être humain est un animal social.
Niveaux d’études et type de dissertation
Au lycée
Les élèves se familiarisent avec la dissertation lors de la préparation du baccalauréat. La dissertation est la forme d’évaluation utilisée pour l’épreuve anticipée de français, ainsi que pour les épreuves de philosophie, de sciences économiques et sociales et d’histoire (appelée « composition » ou « commentaire composé »).
À l’Université
La dissertation est une forme d’évaluation très utilisée pour les examens universitaires.
Elle est particulièrement employée en droit, sciences littéraires, sciences politiques et en histoire.
Pour les concours
La dissertation est un exercice souvent utilisé lors de concours. Notamment pour les concours de la fonction publique, l’ENS, les concours d’entrée dans les grandes écoles (comme Sciences Po), les concours d’entrée dans les écoles de commerce, etc.
Qu’est-ce qu’une dissertation de philosophie ?
Au baccalauréat de philosophie, les élèves peuvent choisir de rédiger une dissertation de philosophie. L’objectif est d’évaluer l’étudiant sur ses connaissances et capacités d’argumentation sur de grandes thématiques philosophiques.
Le sujet est souvent donné sous l’une de ces formes :
Disserter consiste à développer par écrit, de façon logique et argumentée, l’analyse d’un sujet. Il s’agit de répondre de façon complète à une question précise, un peu comme on cherche, en maths, à résoudre un problème particulier. Or dans ce cas il ne vous vient pas à l’esprit de répondre en faisant un simple rappel de cours, sans partir de votre énoncé ni faire aucune démonstration, n’est-ce pas ? De même la dissertation pour être réussie doit-elle répondre à une question assez précise. Le cours n’est qu’une boite à outils où vous pourrez piocher – selon la matière – des concepts philosophiques, des références littéraires ou historiques – mais c’est vous l’architecte de la démonstration. « Le plus important, dit Bernard de Castéra, c’est la réflexion ! »
Lecture du sujet et premières intuitions
Un des meilleurs conseils qu’on puisse te donner dans la méthodologie de la dissertation, c’est de te fier à tes premières intuitions : écris tes premières idées directement sur ton brouillon dès que tu as lu le sujet car tu risques de les oublier par la suite, sachant qu’elles peuvent constituer des éléments fondamentaux et très pertinents de ton plan. Ecris toutes les idées qui te passent par la tête, sans les classer. Tu feras le tri plus tard. Tous les mots, toutes les réflexions, les questions, les auteurs et les références qui te viennent à première vue doivent être aussitôt écrits sur ton brouillon. Imaginons que tu soies devant un sujet de dissertation de français, par exemple « Le rôle du poète ». Voici les premières idées qui peuvent te venir à l’esprit sans les trier ni les classer :
- Fonction du poète de Victor Hugo
- Platon et le poète hors de la cité
- Poète romantique et le « moi »
- Rôle : fonction/responsabilités/…
- Si le poète a des responsabilités, qui les lui confèrent ?
Distinguer le paradoxe derrière le sujet de dissertation
Chaque sujet de dissertation, quelle que soit la matière, dissimule un problème, un paradoxe, une « tension » comme se plaisent à dire les professeurs de philosophie. Pour trouver cette tension, tu dois te poser la question suivante : « De quoi s’agit-il ? ». Si les profs ont choisi de te donner ce sujet, c’est pour une bonne raison, ce n’est pas en piochant des mots au hasard dans le dictionnaire. Quelle est cette raison ? C’est en te posant cette question que tu vas faire un premier jet de problématique, sur laquelle va s’appuyer l’ensemble de ta dissertation. Ici, tu n’as pas encore fait de travail de fond : tu t’es juste contenté de poser un questionnement à partir de tes intuitions uniquement. C’est ensuite que vient le travail de fond et que tu vas (ou pas) modifier ou perfectionner ta problématique.
En histoire-géo, par exemple, si ton sujet est « Les Etats-Unis et la Chine », la « tension » se trouve dans la remise en cause de l’hyperpuissance américaine et du retour de « L’Empire du Milieu », mais le constat que toutefois la Chine pourrait s’avérer être un « géant aux pieds d’argile ».
Savoir lire son sujet mot à mot
Il vous faut donc lire votre sujet de dissertation aussi précisément qu’un énoncé de maths. Analyser tous les mots qui le composent et prêter attention, parfois, au sens exact d’une question ou d’une expression. Par exemple, en droit, « Doit-on supprimer l’élection au suffrage universel du président de la République ? », n’est pas la même chose que « Peut-on supprimer l’élection au suffrage universel du président de la République ». Le « Doit-on » revient à se demander s’il y aurait des raisons impérieuses de changer ce mode de suffrage. Le « peut-on » conduit à réfléchir à la possibilité de le faire. Vous comprenez que cela ne donnera pas du tout le même devoir ! De même, le sujet « La recherche de la liberté peut-elle tout justifier ? » est un sujet sur la liberté et la morale ; tandis que « La liberté est-elle le pouvoir de tout faire ? » touche à la liberté et la contrainte.
Comprenez l’objectif de la dissertation
Dans une dissertation, vous devrez présenter une thèse quant au sujet que vous analysez. Bien souvent, vous devrez analyser un écrit ou un film, mais vous pourriez également devoir travailler sur un sujet d’actualité ou une idée. Pour cela, vous devrez diviser le sujet en plusieurs parties et apporter des preuves, tirées du livre (ou du film) ou de vos propres recherches, qui appuieront votre thèse. Par exemple, votre thèse pourrait être : « dans Shining, Stanley Kubrick fait référence à la culture et à l’art amérindiens de façon répétée pour traiter du sujet de la colonisation des territoires des Indiens d’Amérique ». Vous analyseriez ainsi un texte et en proposeriez votre propre lecture, sous forme de thèse.
Déterminez votre sujet
Si vous faites ce travail dans le cadre d’un cours, votre professeur vous imposera généralement le sujet. Lisez l’énoncé attentivement. Que vous demande-t-on ? Vous devrez cependant parfois choisir vous-même votre sujet. Si vous rédigez une dissertation sur un travail de fiction, vous pourriez concentrer votre thèse sur les motivations d’un personnage ou d’un groupe de personnages. Ou, vous pourriez chercher à prouver en quoi un certain passage est crucial dans l’ouvrage. Par exemple : « explorez le concept de la vengeance dans le poème épique Beowulf ». Si vous écrivez à propos d’un évènement historique, essayez de vous concentrer sur les forces qui ont contribué à ce qu’il s’est passé. Si vous écrivez à propos d’une découverte ou d’une étude scientifique, suivez la méthode scientifique pour analyser les résultats.
Définir les termes du sujet de la dissertation : une étape fondamentale
Maintenant, tu vas devoir te pencher sur les mots-clefs du sujet en faisant abstraction des connecteurs logiques (ceux-ci sont essentiels, mais ils viendront dans ton analyse à l’étape suivante). La définition des termes du sujet est une des étapes les plus importantes de la méthodologie de la dissertation, car c’est à partir de là que tu vas ou bien comprendre les attendus du sujet, ou bien partir en hors-sujet total. Pour bien définir les termes du sujet, tu dois t’y prendre en adoptant plusieurs angles d’attaques successivement :
- D’abord, tes premières intuitions comme expliqué précédemment.
- Ensuite, les définitions que tu leur attribuerais après mûre réflexion et en prenant soin de considérer toutes les définitions possibles d’un même mot (un mot peut revêtir plusieurs sens)
- En philo, tu peux ajouter une étape supplémentaire qui peut t’être très utile : précise tout ce que n’est pas le sujet. Par exemple, si ton sujet est « La vérité », dis-toi que la « vérité » n’est pas la réalité (mais il faudrait évoquer la notion de réalité dans ta dissertation), ni le « vrai »… Ça peut t’aider à trouver des idées d’analyse.
Délimiter le sujet de dissertation ?
En histoire-géo, il s’agit de définir les limites temporelles et spatiales du sujet et de respecter ces limites rigoureusement. Parfois, ces limites sont indiquées explicitement dans le sujet. Parfois, elles le sont de façon implicite, et c’est alors à toi de les définir. Par exemple, si tu as comme sujet “Le Proche et le Moyen-Orient, un foyer de conflits depuis la fin de la Première Guerre mondiale”, tu dois expliciter ce que désigne le Proche et le Moyen-Orient (et même pourquoi pas analyser leurs noms, en constatant que les noms de Proche et Moyen-Orient se définissent par rapport à l’Europe) en précisant les pays qui s’y trouvent (inutile de les énumérer, tu peux te contenter de nommer ceux qui se trouvent à la “frontière” du Proche et Moyen-Orient). Précise ce que tu considères comme étant la fin de la Première Guerre mondiale : il semble évident d’évoquer l’armistice du 11 novembre 1918, mais tu peux également aborder les accords de Sykes-Picot (1916), qui prévoie le partage du Proche-Orient à la fin de la guerre et qui est à l’origine de bien des conflits se déroulant dans cette région aujourd’hui. En français ou en philo, il s’agit de définir très précisément les termes du sujet, comme expliqué en détails dans la partie précédente.
Respirez et prenez de la hauteur…
Dans des conditions d’examen, il s’agit donc de s’accorder 5 bonnes minutes pour analyser son sujet. Respirez bien et résistez à l’envie de vous jeter sur votre stylo pour noircir vos feuilles de brouillon. Eventuellement, soulignez ou encadrez les termes importants du sujet et crayonnez quelques mots-clés si cela vous aide.
Définir sa problématique à partir de la question du sujet
Cette analyse chirurgicale vous évite donc de partir tête baissée dans une mauvaise direction ou d’être un peu « à côté ». Dans le sujet « La recherche de liberté peut-elle tout justifier ? », vous soulignez bien sûr la liberté, mais aussi le « tout justifier » qui indique où est le vrai problème. Vous pénétrez ainsi au coeur de la question que l’on vous pose et vous réfléchissez à ce qu’elle recouvre. « La recherche de liberté est essentielle, vous dites-vous, elle justifie bien des combats, mais non les crimes… Il y a d’autres valeurs sans doute à prendre en compte… » Du coup, vous pouvez reformuler votre sujet, ce qui donne par exemple : « La liberté est-elle une valeur absolue qui pourrait justifier tous les comportements ou doit-elle prendre en compte d’autres valeurs ? » Vous précisez ainsi en la développant la question à laquelle vous allez répondre : vous tenez votre « problématique ». Dans ce cas, la problématique est déjà contenue ou suggérée par la question de l’énoncé, comme souvent dans les épreuves du bac. Mais le fait de la reformuler avec vos propres mots montre que vous avez bien compris le sujet. Et cela vous aide à pousser les bonnes portes pour trouver des réponses.
Cherchez des idées
Vous ne saurez pas forcément d’emblée quelle sera votre thèse, même lorsque vous aurez choisi votre sujet. Pas de panique ! En cherchant des idées et en vous creusant les méninges, vous parviendrez à déterminer ce que vous pensez de votre sujet. Regardez-le sous autant d’angles que possible. Recherchez des imageries répétées, des métaphores, des formules ou des idées qui reviennent. Les éléments qui se répètent sont généralement importants. Voyez si vous parvenez à déchiffrer pourquoi ces éléments sont si cruciaux. Se répètent-ils toujours de la même façon ou de façon différente ? Comment le texte est-il construit ? Si vous rédigez une analyse rhétorique, par exemple, vous pourriez analyser la façon dont l’auteur fait appel à la logique pour appuyer sa thèse et décidez si cette thèse est valable à vos yeux. Si vous analysez un travail de création, étudiez des aspects tels que l’imagerie, l’esthétique d’un film, etc. Si vous analysez des recherches, vous pourriez étudier les méthodes et les résultats et analyser si les expériences sont bien conçues. Certaines personnes utilisent une « carte de pensée ». Notez votre sujet principal au centre de votre feuille et disposez les idées plus petites tout autour, dans des bulles. Reliez les bulles afin d’identifier des tendances, et de déterminer la façon dont les éléments sont liés entre eux.
Votre réflexion pourrait alors partir dans tous les sens ! C’est ainsi que vous trouverez la bonne idée. Ne mettez pour l’instant aucune idée de côté. Notez tout ce qu’il vous passe par la tête lorsque vous pensez à votre sujet.
Déterminez votre énoncé de thèse
Votre énoncé de thèse prendra la forme d’une ou deux phrases qui résumeront la théorie que vous présenterez dans votre travail. Il présentera au lecteur ce dont traitera votre dissertation.
À ne pas faire : une thèse vague et évidente, telle que « la vengeance est un thème central dans Beowulf. » À faire : présenter un argument précis : « Beowulf explore différents styles de vengeances à l’époque anglo-saxonne, en opposant le châtiment honorable du dragon à la réponse de la mère de Grendel. »
Il s’agit d’une thèse analytique, car elle examine le texte et en propose une lecture spécifique. La thèse est « discutable » : elle ne présente pas des faits que personne ne pourrait contester. Dans une dissertation analytique, vous devrez prendre parti et proposer votre thèse. Assurez-vous que votre thèse soit suffisamment précise pour répondre au sujet donné. « La vengeance dans Beowulf » est un sujet si vaste qu’il pourrait faire l’objet d’un doctorat. Cette thèse sera donc bien trop large pour une simple dissertation. Néanmoins, chercher à démontrer que la vengeance d’un personnage est plus honorable que celle d’un autre personnage sera faisable dans le cadre d’une dissertation. À moins que cela ne vous soit demandé, évitez d’élaborer une thèse en trois points que vous discuterez dans le cours de votre travail. Ce genre de thèse aura généralement tendance à limiter votre analyse et votre dissertation paraitra simpliste et banale. Préférez présenter très largement ce que sera votre argument central.
Trouver sa problématique quand le sujet n’est pas une question
Parfois aussi, notamment dans le supérieur, le sujet n’est pas formulé sous forme de question mais ressemble au titre d’un cours. Exemple type Sciences Po : « Les ouvriers dans la société française de 1930 à nos jours ». Et pourtant ce n’est pas une restitution de cours qu’on vous demande, mais bien une dissertation ! Il faut donc absolument dégager une problématique sous forme de question pour vous permettre de faire une véritable analyse. Cela nécessite d’abord de bien connaître son cours afin de repérer derrière un énoncé très bref les points théoriques importants qui peuvent être évoqués. Mais il faut aussi un esprit d’analyse bien affûté pour poser une question pertinente qui soit à la fois dans le sujet, et qui traite un thème central et non secondaire. Dans l’exemple donné ci-dessous, une problématique pourrait être : « Les ouvriers ont-ils disparu en tant que classe sociale en France entre 1930 et l’époque contemporaine ? »
Votre problématique est-elle assez solide ?
Vous l’avez compris, votre problématique va poser les fondations de votre dissertation. Vous allez bâtir tout votre devoir en développant une réponse qui comportera plusieurs pans, comme quand on élève les murs d’une maison. Il vous faut donc des fondations solides : la problématique doit être assez riche pour ouvrir plusieurs portes. Il faut éviter une question trop plate, qui appellerait une réponse évidente ou banale. Par exemple : « Les ouvriers ont-ils disparu en tant que classe sociale en France depuis 1930 ? » est une problématique beaucoup plus stimulante que : « Quelles sont les évolutions du milieu ouvrier en France depuis 1930 ? » Car la bonne problématique doit… poser des problèmes, présenter des tensions et des contradictions. Si vous n’en sentez pas, il faut replonger pour en trouver au coeur de votre sujet !
Trouvez des arguments appuyant votre thèse
Selon ce qui vous a été demandé, vous pourriez ne devoir travailler qu’à partir de documents fournis (le texte ou les textes à analyser) ou à partir de ce texte, mais également de sources secondaires, telles que d’autres livres ou des articles de journaux. Votre professeur devrait vous préciser à partir de quelles sources vous devrez travailler. De bons arguments devront venir appuyer votre thèse et rendre votre théorie convaincante. Faites la liste des arguments que vous allez utiliser, en précisant d’où vous les avez tirés et en quoi ils appuient votre thèse . Voici quelques exemples d’arguments valables : pour appuyer la thèse selon laquelle la vengeance du dragon était plus juste que celle de la mère de Grendel, recherchez les passages du poème qui traitent des évènements amenant l’attaque de chacun des monstres, des attaques en elles-mêmes, ainsi que les réactions à ces attaques.
À ne pas faire : ignorer ou modifier des faits pour qu’ils correspondent à votre thèse. À faire : ajuster votre thèse à une position plus modérée, alors que vous approfondissez votre connaissance du sujet.
Faites un plan
Un plan vous aidera à structurer votre dissertation et vous facilitera sa rédaction. Renseignez-vous bien sur la longueur du travail demandé. Si certains professeurs acceptent une dissertation en 5 parties (introduction, thèse, antithèse, synthèse, conclusion), d’autres attendront de vous que vous exploriez le sujet plus en profondeur et fournissiez un travail plus élaboré. Structurez votre plan en fonction de ce qui est attendu de vous. Si vous ne savez pas encore bien comment articuler vos arguments, pas de panique ! Faire votre plan vous aidera à comprendre comment votre thèse progressera. Vous pourriez également commencer par faire un plan plus informel regroupant vos idées en différents groupes. À partir de là, vous déciderez quand et comment aborder chaque catégorie d’idées. Votre dissertation devrait être aussi longue que nécessaire pour discuter sérieusement le sujet. Les étudiants ont en effet tendance à faire l’erreur de chercher à discuter un sujet large en quelques paragraphes seulement. Le travail parait alors bâclé et superficiel. Si nécessaire, vous devrez donc adapter votre thèse à la limite autorisée.
Trouver ses idées… en réponse à la problématique
Votre problématique a émergé de votre corps-à-corps avec le sujet ? Il faut maintenant chercher à y répondre et pour cela, faire jaillir vos idées au brouillon. Selon vos préférences, utilisez des mots-clés ou de courtes phrases. Pour ne pas vous noyer, tâchez de garder en tête votre question centrale. Ainsi les idées seront plus faciles à organiser et à nouveau vous éviterez de vous écarter du sujet…
De même si vous pensez à des éléments de cours : vérifiez aussi qu’ils répondent bien à la question que vous vous posez. Pas tout à fait ? Alors, ne les gardez pas !
Illustrer avec des exemples bien choisis
Enfin, pensez à trouver des exemples et des illustrations pour chaque idée : une bonne argumentation suppose toujours quelques exemples. En français, vous les tirerez d’abord des textes qui accompagnent le sujet s’il y en a, puis des auteurs étudiés en classe ou de vos lectures (ce sera un « plus »)… En histoire, on citera des événements correspondant à l’espace-temps du sujet ; en droit, des faits d’actualité traités sur un plan juridique, etc. En philosophie, tout dépend de votre problématique : un sujet sur la science pourra bien sûr vous amener à citer des savants, à faire allusion à de grandes découvertes ou à des innovations. Un sujet sur l’art nécessite au moins deux ou trois références à un artiste (peintre, musicien, poète) ou à des courants artistiques. Mais attention toutefois à ne pas citer pour citer. L’exemple doit venir appuyer un pan de votre démonstration philosophique. Méfiez-vous également des exemples tirés de la vie quotidienne qui peuvent tourner au « lieu commun » et évitez les phrases utilisant le sujet « on ».
Rédigez votre introduction
Dans votre introduction, vous devrez fournir à vos lecteurs des informations de base sur votre sujet. Ce passage devra donc être engageant, sans être excessivement zélé. Évitez de résumer l’énoncé et présentez directement votre thèse. Évitez également les introductions trop dramatiques (par exemple, évitez de commencer votre travail par une question ou une exclamation). De façon générale, ne rédigez pas votre dissertation à la première (je) ou à la seconde personne (tu/ vous). Présentez votre thèse, de préférence en dernière phrase du premier paragraphe. Voici un exemple d’introduction : le droit à la vengeance était institutionnalisé dans la culture anglo-saxonne antique. Les nombreuses vengeances dans le poème épique Beowfulf démontrent que le châtiment occupait une place centrale dans cette culture. Néanmoins, toutes les vengeances ne sont pas équivalentes. La description que fait le poète des vengeances suggère que le dragon était plus juste dans son acte que ne l’était la mère de Grendel. Ce type de thèse peut être intéressante, car elle suggère que le lecteur doit appréhender le texte avec précaution et ne pas le lire au premier degré.
À ne pas faire : inclure des phrases creuses commençant par « dans la société moderne » ou « au cours de l’Histoire ». À faire : mentionner brièvement le titre, l’auteur et la date de publication du poème que vous analysez.
Faire un plan clair et logique
Vous avez vos idées, il reste à les organiser afin de répondre à la question de façon ordonnée. Prenez une nouvelle feuille de brouillon et faites un plan assez détaillé. La dissertation n’évalue pas seulement les idées exprimées, mais la façon dont elles s’articulent, dont l’élève fait progresser son raisonnement. Il faut donc de la logique et de la clarté. Faut-il adopter le classique plan en trois parties bâti sur le schéma « thèse / antithèse / synthèse » ? Non si cela vous conduit à plaquer systématiquement les réponses « oui / non / peut-être » sur n’importe quelle question ! Pour le sujet « La recherche de la liberté peut-elle tout justifier ? » par exemple, cela vous conduirait à admettre dans la première partie que la liberté peut tout justifier… Mieux vaudra procéder par approfondissement progressif :
1/– La conquête de la liberté est une valeur essentielle pour le progrès des sociétés et des personnes
2/– Mais cette conquête peut aboutir à de graves atteintes à l’ordre social et à la vie et ne peut donc tout justifier
3/– La recherche de la liberté ne peut s’exercer qu’en lien avec d’autres valeurs morales et civiques.
Mais éviter de faire du remplissage !
Le plan doit donc découler de vos idées et non l’inverse. Il doit certes présenter plusieurs parties et sous-parties, mais il ne faut surtout pas chercher à faire « du remplissage » ! Or c’est le risque si vous partez d’un modèle de plan prédéfini. Ancienne enseignante dans le supérieur et auteur du blog donnezdusens.com, Hélène Weber explique qu’il ne faut jamais bâtir un plan de devoir comme on remplit une armoire. « Une fois toutes ses idées trouvées au brouillon, l’étudiant a souvent tendance à vouloir les faire rentrer toutes dans un plan prédéfini, un peu comme on range ses vêtements sur les étagères d’une armoire ». Or la bonne dissertation n’est pas une armoire à remplir ! Encore une fois, vous n’êtes pas évalué sur la quantité de vos connaissances mais sur la qualité de votre réflexion. Mieux vaudra donc laisser tomber certaines idées que d’aboutir à un texte confus qui cherche à tout caser sans rien démontrer.
Rédigez vos paragraphes
Chaque paragraphe devrait comprendre 1) une phrase d’introduction, 2) une analyse d’une partie du texte et 3) des arguments puisés dans le texte et qui appuient votre analyse et votre thèse. Souvenez-vous que chacun de vos arguments devra venir appuyer votre thèse . Voici un exemple de phrase d’introduction : le châtiment excessif est un concept clef pour différencier les deux attaques. Voici un exemple d’analyse : la mère de Grendel ne veut pas seulement se venger, selon le concept médiéval « œil pour œil, dent pour dent ». Elle veut prendre une vie pour une vie, tout en semant le chaos dans le royaume d’Hrothgar. Voici un exemple d’argument : au lieu de seulement tuer Aeschere et ainsi se venger de façon juste, elle eut bientôt saisi fortement l’un des nobles et partit ensuite pour les marais. Elle agit ainsi pour attirer Beowulf loin de Heorot, afin de pouvoir le tuer. La formule « TAE » pourrait vous aider à vous souvenir : théorie- argument-explication. Dès que vous présentez une théorie, vous devrez apporter des arguments, et expliquez en quoi ces arguments soutiennent votre théorie.
Sachez quand citer et paraphraser
Citer signifie que vous prendrez le texte exact et le placerez entre guillemets pour l’insérer dans votre dissertation. Une citation est un bon moyen d’utiliser des formules et des termes précis pour appuyer votre théorie. Assurez-vous de citer correctement, selon que vous utilisez le système MLA, APA ou Chicago. Une paraphrase, en revanche, est lorsque vous résumez le texte avec vos propres mots. Vous pourrez paraphraser pour donner des informations de contexte ou pour présenter de nombreux détails en peu d’espace. Ce sera alors la bonne façon de procéder pour faire passer votre argument, si vous avez beaucoup d’informations à présenter, ou un passage trop important à citer .
À ne pas faire : citer plus de deux passages différents par paragraphe, de façon générale. À faire : appuyer toutes les théories controversées ou subtiles avec des citations ou des paraphrases.
Voici un exemple de citation : au lieu de simplement tuer Aeschere et ainsi se venger de façon juste, elle « saisit fortement » le personnage, et tout en le maintenant, elle « partit ensuite vers les marais ». Voici un exemple de paraphrase : la femelle Grendel entre dans Heorot, attrape l’un des hommes endormis et s’enfuit pour les marais.
Bien suivre le fil directeur de sa démonstration
Le plan doit au contraire découler de ce que vous voulez montrer. Il constitue alors un fil rouge, ou fil directeur, qui permet de suivre les étapes de votre raisonnement. Tout en ayant toujours en tête votre question centrale, placez-vous donc face à vos idées : vous voyez que certaines sont similaires, il faut les regrouper. D’autres apportent un complément, une nuance ou un autre point de vue : c’est une autre partie ou bien une sous-partie de la première. Mais quel est le lien entre elles ? Au moment de bâtir votre plan, il est très important de l’avoir en tête pour ne pas vous contenter de juxtaposer des idées les unes à côté des autres. Vous avez échappé à l’armoire, mais il ne s’agit pas non plus de faire « un plan à tiroirs » ! Des flèches, de petits mots de liaison ou une numérotation (selon vos habitudes) vous permettent d’exprimer les liens logiques entre vos parties. Votre texte pourra ainsi passer de façon fluide et bien articulée d’une idée à l’autre, comme un gymnaste parcourrait une échelle en lançant ses bras d’un barreau à un autre.
A la fin, votre démonstration vous amène naturellement à la conclusion : vous apportez une réponse claire à la problématique, sans répéter ce que vous avez dit mais en prenant plus de hauteur.
Utiliser une méthode visuelle ?
Si vous avez du mal à faire vos plans de dissertation, la méthode enseignée par l’organisme Week-End Bac pourra peut-être vous aider. Créée par une enseignante il y a plus de 40 ans, la méthode brevetée « des cercles dynamiques » propose de bâtir son plan avant de se lancer dans la recherche des idées. « C’est une méthode visuelle qui consiste à isoler les grands thèmes du sujet dans des cercles, explique Josette Ripoll, dirigeante de Week-End Bac. Souvent il y a un thème mineur à l’intérieur du thème majeur. On en tire très vite un plan, et l’on cherche ses idées ensuite, ce qui fait gagner beaucoup de temps ». Lors des stages de révisions qu’elle organise, l’association complète ce travail sur le plan par une révision systématique des auteurs et des idées (en français, philo ou histoire-géo). « Il faut absolument remettre les auteurs dans leur espace-temps », souligne Josette Ripoll, ancienne enseignante de français. Les élèves peuvent ainsi les citer où il faut dans leur devoir et enrichir leurs exemples.
Utiliser des couleurs pour identifier ses idées
Les visuels pourront aussi utiliser des couleurs pour faire ressortir leurs idées. C’est ce que propose aux étudiants en droit Maxime, élève-avocat et auteur du blog fiches-droit.com dans un article sur la dissertation juridique. « Sortez votre arme fatale d’étudiant en droit : j’ai nommé vos surligneurs, écrit-il pour expliquer comment bâtir son plan après avoir réfléchi à son sujet. Prenez 4 couleurs différentes, et surlignez d’une même couleur les idées/informations qui sont liées, qui peuvent être regroupées entre elles. Si l’étudiant conseille d’utiliser 4 couleurs, c’est que la dissertation juridique doit traditionnellement comporter deux parties de deux sous-parties chacune, ce qui fait donc 4 sous-parties. Mais personne ne vous empêche d’utiliser des surligneurs dans d’autres disciplines, et de trouver votre propre code couleur : par exemple une pour les grandes parties, une autre pour les sous-parties et une pour les illustrations.
Rédigez votre conclusion
C’est dans votre conclusion que vous rappellerez au lecteur les arguments que vous avez présentés pour appuyer votre thèse. Certains professeurs attendront également de vous que vous présentiez une ouverture dans votre conclusion. Vous devrez établir un lien entre votre analyse du texte et le monde extérieur. Vous pourriez présenter en quoi votre théorie affecterait d’autres thèses sur ce même texte, ou en quoi votre théorie pourrait encourager le lecteur à changer son point de vue.
À ne pas faire : introduire un nouvel argument dans votre conclusion. À faire : aller au-delà de votre thèse, en discutant ses implications dans un contexte plus large.
Voici un exemple de conclusion : le concept « œil pour œil » était très présent dans la société du début du Moyen-Âge. Néanmoins, en comparant les attaques de la mère de Grendel et du dragon, on voit clairement l’opposition entre la vision médiévale d’une vengeance juste et celle d’une vengeance injuste. Alors que le dragon se conduit seulement comme il sait le faire, la mère de Grendel attaque par méchanceté. Voici un exemple d’une connexion avec le monde extérieur : le concept « œil pour œil » était très présent dans la société du début du Moyen-Âge. Néanmoins, en comparant les attaques de la mère de Grendel et du dragon, on voit clairement l’opposition entre la vision médiévale d’une vengeance juste et celle d’une vengeance injuste. Alors que le dragon se conduit seulement comme il sait le faire, la mère de Grendel attaque par méchanceté. Comme on l’a vu dans l’étude d’autres personnages, ces descriptions pourraient être liées à la perception médiévale selon laquelle les femmes auraient un plus grand potentiel pour la méchanceté.
Relisez votre dissertation
Recherchez les erreurs d’orthographe et de grammaire. Un travail contenant de nombreuses fautes est généralement moins bien noté qu’une dissertation relue et peaufinée. Utilisez un correcteur d’orthographe, recherchez les phrases trop longues et corrigez les erreurs de ponctuation. Assurez-vous également de formater votre dissertation correctement. Utilisez une police standard en 12-pt (comme Arial ou Times New Roman) et des marges de 2,5 cm.
Lisez votre travail à haute voix
En lisant votre dissertation à haute voix, vous repèrerez plus facilement les passages qui sonnent bizarres. Ce sera également un très bon moyen de repérer les phrases trop longues que vous pourriez avoir manquées.
Assurez-vous que les noms propres soient bien orthographiés
Prêtez une attention particulière aux noms des personnages, des lieux, des titres, etc. Le professeur vous retirera généralement des points si le nom du personnage principal est mal écrit tout au long de votre dissertation. Reprenez le texte et vérifiez que l’orthographe que vous avez utilisée est la bonne. Si vous analysez un film, recherchez la liste des personnages sur Internet. Vérifiez deux ou trois sources, afin de vous assurer que vous avez la bonne orthographe.
Lisez votre travail comme si vous étiez votre professeur
Comprenez-vous facilement votre thèse ? La structure de votre dissertation est-elle facile à comprendre ? Votre travail explique-t-il en quoi le sujet est important ?
Demandez à quelqu’un d’autre de lire votre dissertation
Cette personne pense-t-elle que vous devriez ajouter ou retirer quelque chose ? Comprend-elle clairement votre thèse ?
Conseils
Demandez-vous « qu’est-ce que j’essaie de prouver ? » La réponse devrait être dans votre thèse. Si ce n’est pas le cas, arrangez cela. Si vous rédigez une dissertation ou une critique formelle, évitez d’utiliser des formules familières. Si le langage informel peut apporter de la couleur à votre travail, ne risquez pas d’affaiblir votre argument avec de l’argot. Évitez d’être trop vague. Le vague laisse de la place pour les mauvaises interprétations. Dans une dissertation cohérente, laisser à votre lecteur la possibilité de mal comprendre votre théorie affaiblira l’efficacité de votre thèse.
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