Comment traiter les menaces et le harcèlement au travail ?
Les menaces et le harcèlement au travail recouvre tous les comportements intentionnels et répétés dont le but est de dégrader, d’humilier, d’embarrasser ou de miner les performances d’un employé. Le harcèlement peut émaner des employés, des supérieurs ou du management et est un réel problème pour les travailleurs de tous les niveaux. En apprenant à reconnaître et à faire face au harcèlement au travail, vous pourrez créer un environnement plus sain et plus productif pour vous et vos collègues.
En septembre 2022, Qualisocial et Ipsos ont révélé le baromètre national du harcèlement au travail. Les chiffres sont sans appel. Le harcèlement se positionne au troisième rang des préoccupations majeures des salariés en entreprise, après le salaire et la dégradation des conditions de travail. 62 % des interrogés estiment que les faits de harcèlement se multiplient ces dernières années. 30 % des salariés ont été victimes de harcèlement au travail, et 40 % en ont été témoins. Toujours d’après la même enquête, les victimes de harcèlement au travail auraient aimé que leur employeur agisse. Une entreprise sur huit, sur le territoire national, a mis en place des mesures obligatoires autour du harcèlement au bureau.
Qu’est-ce que les menaces et le harcèlement au travail ?
Le gouvernement français définit le harcèlement moral comme « le fait d’imposer à autrui des gestes, paroles, comportements, attitudes répétés visant ou conduisant à dégrader les conditions de vie et/ou de travail. » Il y a alors une atteinte aux droits et à la dignité du salarié victime de harcèlement (Article L1152-1 du Code du travail).
Il existe différents types de harcèlement moral au travail, reconnus par la Cour de cassation :
- Dénigrement et brimade : critiques ou moqueries quel que soit le support ;
- Critique injustifiée : généralement émise devant les autres, cette critique est exagérée, humiliante, avec des termes violents ;
- Humiliation publique : propos humiliants, rabaissants, devant tout le monde ;
- Mesure vexatoire : il s’agit en quelque sorte de sanctions envers le collaborateur, ou de critiques récurrentes par mail ou en direct ;
- Tâche dévalorisante : inadaptée au savoir-faire du collaborateur, dans le seul but de le déprécier et pouvant aller jusqu’à des diminutions de salaire, de temps de travail ;
- Agressivité : dans le ton et par les actes qui en découlent ;
- Tâche dépassant ses capacités : tâches bien trop complexes pour les compétences du collaborateur. Pression, stress, épuisement, burn-out… en sont les conséquences directes.
- Mise au placard : contre la volonté du salarié, qui se voit exclu, mis de côté, ou à qui l’on refuse certains droits pour le pousser à la démission, par exemple ;
- Privation d’outils de travail : rendre la réalisation de la mission de travail impossible en ne donnant pas accès aux ressources indispensables ;
- Avertissements infondés ;
- Déclassement : injustifié, mais le collaborateur se voit revenir à un poste moins important ;
- Pression disciplinaire : le manager ne cesse de convoquer le collaborateur pour lui mettre la pression, à coup d’avertissement de sanctions disciplinaires.
Le ministère du travail, de la solidarité et de la Fonction publique indique qu’un harcèlement moral se caractérise selon trois conditions :
- Une récurrence des faits de harcèlement moral ;
- Le caractère intentionnel ou non de ces faits, provoquant une dégradation des conditions de travail du salarié ;
- La dégradation des conditions de travail, engendrant des dommages au salarié (santé, physique, psychologique, avenir professionnel…).
Comment reconnaître les menaces et le harcèlement au travail ?
Que vous soyez directeur, manager, salarié, prestataire externe ou consultant freelance, il est essentiel d’observer l’environnement dans lequel vous évoluez. Ne pas voir seulement, mais observer, vous permettra d’identifier d’éventuelles suspicions de menaces et de harcèlement au travail, qui ne sera officialisé et déclaré comme tel que par un juge.
L’environnement de travail
Tout d’abord, lorsque vous observez votre environnement de travail, soyez alerte quant aux signes qui pourraient avoir pour conséquences de nuire au bien-être, à l’épanouissement, à la santé physique et mentale d’un ou plusieurs collaborateurs. Parmi les situations à risque, voici quelques exemples qui peuvent vous concerner personnellement ou concerner l’un de vos collègues :
-
- Des regards méprisants et répétés de la part d’un collègue sur vous ou une autre personne ;
- Des blagues récurrentes qui ne font rire que les personnes qui les font ou qui semblent gêner le destinataire ou qui se moquent ouvertement d’un collaborateur ;
- Des gestes déplacés envers une ou plusieurs personnes ;
- Des remarques blessantes, humiliantes, émises en public ou en privé ;
- Des critiques quotidiennes, infondées, excessives, malveillantes ;
- Une mise à l’écart et un isolement injustifié d’un collaborateur ;
- La demande de tâches irréalisables vouées à l’échec, tant dans les délais que sur les objectifs à atteindre ;
- Les rumeurs émises ici et là ;
- Des punitions plutôt infantilisantes, récurrentes, injustifiées, humiliantes.
L’observation de votre environnement de travail demande donc de prendre en compte la communication non verbale, paraverbale des collaborateurs, car le harcèlement peut avoir lieu en privé, lors d’une réunion, dans un bureau, dans l’ascenseur, à l’abris des regards. Raisons pour lesquelles faire preuve de considération envers chaque collègue est important : vous pourrez peut-être déceler les signes d’un mal-être chez lui.
Les conséquences sur un collaborateur victime de harcèlement
Peut-être que les faits de harcèlement ont lieu en privé, à l’abris des regards, auquel cas seuls les conséquences peuvent vous alerter. Un salarié victime de harcèlement moral peut manifester les signes suivants (attention, ce n’est pas toujours le cas et cela varie d’une personne à l’autre) :
-
- Un collègue vous semble stressé, angoissé ;
- Il se terre soudain dans le silence ;
- Il pleure à l’abris des regards ;
- Il semble dans les nuages ;
- Il panique ou semble totalement bouleversé à la suite de réunions, d’appels, avec un collègue en particulier ;
- Un collègue a des maux de dos, des douleurs chroniques soudaines ;
- Il ne mange plus le midi ou déclare avoir perdu l’appétit d’une manière générale ;
- Il s’isole de tout le monde, se renferme ;
- Le collègue a une variation de poids soudaine ;
- Un collègue enchaîne les arrêts maladie ;
- Un collègue active son mécanisme de défense et devient agressif ;
- Un collègue n’a plus aucune motivation, aucune ambition pour l’avenir ;
- Il a soudain une très faible estime de lui, culpabilise beaucoup ;
- Etc.
Il peut aussi arriver qu’un collègue vous fasse part directement du harcèlement dont il fait l’objet.
Les moyens d’agir face aux menaces et harcèlement au travail
Mais alors, comment agir et réagir si vous avez le sentiment qu’un malaise subsiste au travail, qu’un de vos collègues est victime de harcèlement ? Il est souvent tentant de se dire qu’il vaut mieux ne rien faire, de peur de se tromper, d’aggraver la situation ou de se mêler de ce qui ne vous regarde pas. Comment faire pour prévenir les risques de harcèlement au travail ?
Sachez ce qu’est le harcèlement
Les menaces et le harcèlement au travail : Tout comme leurs petits frères et sœurs dans la cour de récré, les harceleurs au travail utilisent l’intimidation et la manipulation pour vous rabaisser. Apprendre à reconnaître ce comportement est la première étape pour y mettre fin et pour travailler à nouveau dans un environnement agréable. Un harceleur aime tourmenter les autres. Vous pourriez ne pas toujours vous entendre avec vos collègues ou manageurs, mais cela ne signifie pas pour autant que vous êtes harcelé, pas plus que vous-même n’harcelez. Distinguez les deux situations en apprenant à reconnaître ce point : cette personne fait-elle des efforts particuliers pour vos embêter ou vous rabaisser ? A-t-elle l’air d’en tirer du plaisir ? Si la réponse est oui, il pourrait s’agir d’un harceleur.
Ce genre de personne a en général des problèmes psychologiques profonds liés au contrôle de soi. Sachez que la situation est davantage liée aux insécurités du harceleur qu’à vos performances ou votre personnalité.
Reconnaissez les comportements d’un harceleur
Surveillez les signes de harcèlement qui révèlent plus qu’un simple malentendu ou désaccord personnel. Le harcèlement au travail peut inclure.
- Crier, que ce soit en privé ou devant des collègues ou des clients.
- Insulter.
- Les commentaires dégradants ou irrespectueux.
- Le contrôle excessif, les critiques ou chercher des poux dans le travail de quelqu’un.
- Surcharger délibérément quelqu’un de travail.
- Miner le travail de quelqu’un en le mettant dans une situation où il ne peut qu’échouer.
- Ne pas transmettre, volontairement, des informations nécessaires à la personne pour faire son travail.
- Exclure activement quelqu’un des conversations au travail et le faire sentir indésirable.
Reconnaissez les signes extérieurs au travail que vous êtes victime de harcèlement
Vous pourriez souffrir de harcèlement si vous souffrez chez vous des symptômes suivants.
- Vous avez du mal à dormir ou souffrez de nausées et de vomissements par peur d’aller au travail.
- Votre famille est frustrée de vous entendre ressasser constamment vos problèmes du travail.
- Vous passez vos journées de congé à être inquiet à l’idée de retourner travailler.
- Votre médecin a diagnostiqué des problèmes de santé, comme une pression sanguine élevée ou d’autres problèmes liés au stress.
- Vous vous sentez coupable d’avoir provoqué des ennuis sur votre lieu de travail.
N’ignorez pas le sentiment d’être victime de harcèlement
Si vous vous sentez injustement mis de côté ou si l’on vous fait des reproches en quantité disproportionnée, il peut être tentant de trouver des excuses. « Tout le monde est traité de cette façon » ou « Je le mérite » sont des mécanismes de culpabilisation que le harceleur vous aide à adopter. Ne tombez pas dans le piège de la haine de soi si vous êtes harcelé. Faites un plan pour sortir du harcèlement et réappropriez-vous votre espace de travail . Contrairement au harcèlement à l’école, qui tend à frapper les personnes seules et faibles, le harcèlement au travail est généralement le fruit d’une personne sentant sa carrière menacée. Si votre présence fait tellement d’ombre à quelqu’un qu’il ressent le besoin de vous rabaisser, c’en serait presque un compliment. Vous êtes bon dans votre domaine, vous le savez, ne laissez personne vous amener à penser le contraire.
Dites au harceleur d’arrêter
Cela est bien sûr plus difficile qu’il n’y parait, mais vous pouvez songer aux gestes et remarques suivantes à utiliser en cas de harcèlement.
- Levez les mains, afin de créer une barrière entre vous et la personne, comme un policier faisant un signe de stop avec sa main.
- Exprimez votre frustration en une courte formule, comme « Arrête s’il te plait et laisse-moi travailler » ou « Tais-toi s’il te plait ». Cela vous permettra de vous élever contre ce comportement et vous pourrez faire référence à cette situation si vous deviez dénoncer ce comportement par la suite.
- N’entrez jamais dans le jeu du harceleur. Crier des insultes pour répondre au harceleur pourrait vous attirer des ennuis ou aggraver la situation. Parlez d’une voix calme et posée et dites à la personne d’arrêter, comme si vous disiez à un chien d’arrêter de mâcher votre pantoufle.
Gardez une trace des épisodes de harcèlement
Les menaces et le harcèlement au travail : Notez le nom de la personne et sa méthode de harcèlement. Notez les dates, heures et lieux de ces évènements, ainsi que les témoins. Rassemblez autant d’informations que possible. Recueillir ces informations est le moyen le plus important et le plus concret de mettre fin au harcèlement, en vous plaignant de la situation à vos supérieurs ou à la justice. Même si vous n’êtes pas sûr d’être harcelé, noter vos sentiments dans un journal peut vous permettre d’externaliser vos sentiments et de déterminer pour vous-même ce à quoi vous avez à faire. En résultat, vous pourriez réaliser que vous n’êtes pas harcelé ou bien que vous l’êtes et devez prendre les mesures nécessaires.
Ayez des témoins
Consultez vos collègues chaque fois que vous vous sentez harcelé et assurez-vous qu’ils vous aideront en apportant leurs témoignages. Demandez-leur de témoigner par écrit. Choisissez quelqu’un qui a les mêmes horaires de travail que vous ou dont le bureau est proche du vôtre.
- Si vous avez tendance à être harcelé à un certain moment ou dans certains endroits, demandez à vos collègues d’être discrètement présents si vous pensez que vous allez être harcelé. Amenez un collègue lors d’un rendez-vous avec un supérieur que vous pensez vous harceler. Vous aurez du soutien si les choses se passent mal et vous aurez également des preuves pour plus tard.
- Si vous êtes harcelé, il y a de grandes chances que d’autres le soient aussi. Rassemblez-vous et faites front face à l’ennemi commun.
Gardez votre calme et attendez le bon moment pour agir
Les menaces et le harcèlement au travail : Assurez-vous d’avoir rassemblé des preuves et d’être calme et professionnel. Courir voir le patron sous le coup de l’émotion pourrait vous faire passer pour un pleurnicher ou laisser penser que vous réagissez trop fort, même si le problème est réel. En étant calme, vous serez bien mieux à même de vous défendre et aurez plus de chance de changer pour le mieux votre environnement de travail. Laissez passer une nuit entre une situation de harcèlement et la plainte à votre patron. Si vous êtes harcelé entre temps ou si vous devez attendre plus longtemps pour en parler à votre patron, faites de votre mieux pour éviter votre harceleur. Restez calme et poursuivez votre chemin. Si vous pensez que vous pourriez être harcelé bientôt, vous y serez ainsi préparé.
Prenez rendez-vous avec votre supérieur ou un représentant des ressources humaines
Les menaces et le harcèlement au travail : Apportez vos preuves écrites, les témoignages de vos collègues et présentez votre cas aussi calmement que vous le pouvez. Répétez à l’avance ce que vous allez dire afin de savoir que dire et comment le dire. Restez concis et poli et remplissez les papiers que votre supérieur pourrait vous demander de remplir. Ne suggérez pas un recours à moins que votre patron ne vous le demande. En d’autres termes, il serait inapproprié de dire à votre patron « Bruce devrait être viré, il me harcèle ». Exposez votre cas avec autant de preuves que vous le pouvez et dites « Je suis frustré par ce comportement et je ne sais plus quoi faire, j’ai donc pensé devoir vous en informer ». Laissez votre supérieur en tirer ses propres conclusions et choisir les mesures à appliquer.
Si votre supérieur est votre harceleur, contactez le département des ressources humaines ou le supérieur de votre supérieur. Vous n’êtes pas dans l’armée et il n’y a pas de chaine de commande. Parlez simplement à quelqu’un qui pourra vous aider.
Suivez l’affaire
Si le harcèlement continu et que rien n’a été fait pour y mettre un terme, vous avez le droit de prendre le cas en main et de vous plaindre en plus haut lieu. Continuez ainsi jusqu’à ce que votre plainte soit prise au sérieux et que la situation soit réglée et que vous puissiez travailler dans un environnement sain. Il pourrait être utile de trouver différentes solutions qui pourraient rendre la situation moins pénible. Si le supérieur de votre supérieur ne veut pas virer votre supérieur, mais reconnaît la situation de harcèlement, seriez-vous prêt à changer de service ? Seriez-vous prêt à travailler de chez vous ? Qu’est-ce qui pourrait arranger la situation ? Réfléchissez bien à ces possibilités au cas où vous devriez défendre votre cas.
Si vous avez des preuves, mais que rien ne change ou que la situation empire, consultez un avocat et songez à porter l’affaire en justice. Rassemblez les papiers nécessaires et portez plainte.
Faites de votre santé mentale une priorité
Les menaces et le harcèlement au travail : Vous ne serez pas un travailleur efficace et vous ne serez pas heureux en tant que personne si vous ne prenez pas le temps de vous remettre de votre expérience de harcèlement. Prenez des congés et ignorez le travail pour un certain temps. Si vous avez défendu votre cas correctement, vous pourriez avoir droit à une indemnité. Profitez-en pour partir en vacances !
Impliquez-vous dans des activités enrichissantes et intéressantes en dehors du travail
Le travail n’est pas le lieu où vous devriez vous amuser le plus. Tout emploi, même dans un lieu de travail que vous apprécieriez, peut vous ennuyer après un certain temps et vous aurez toujours besoin de vacances pour vous reposer et régénérer votre esprit et votre éthique de travail. Si vous avez été harcelé et voulez vous sentir mieux, vous pourriez :
- prendre le temps de pratiquer un passetemps,
- lire davantage,
- sortir plus souvent,
- socialiser avec votre famille et vos amis.
Parlez-en à votre médecin ou votre psychologue
Changez d’emploi
Même si le harceleur a été renvoyé ou sanctionné, vous pourriez être plus à l’aise en changeant de travail. Faites de cette expérience une bonne occasion et non un obstacle. Si vous êtes malheureux sur votre lieu de travail, essayez d’apprendre une nouvelle profession, de déménager ou simplement d’être transféré sur une nouvelle branche afin d’avoir un regard frais sur la vie et sur le monde.
Implémentez une tolérance zéro pour le harcèlement au sein de votre entreprise
Toutes les politiques de bienêtre et de santé au travail devront intégrer un protocole antiharcèlement. Veillez à ce que le sujet ait été couvert et qu’il soit pris au sérieux à tous les niveaux de l’entreprise. Doublez cela d’une politique porte ouverte et organisez des réunions fréquentes sur le thème du harcèlement, afin que les employés de tous les niveaux soient conscients de leurs droits.
Adressez immédiatement les situations de harcèlement
Sensibiliser votre équipe au harcèlement moral
Les menaces et le harcèlement au travail : Dans un premier temps, il est essentiel de sensibiliser vos collaborateurs au harcèlement moral, entre autres, en entreprise. Il faut qu’ils puissent comprendre quand une situation peut être qualifiée de harcèlement, ce qu’ils doivent entreprendre comme démarches s’ils sont concernés personnellement ou si l’un de leurs collègues l’est. C’est aussi un moyen important de comprendre que parfois, sans s’en rendre compte, l’attitude ou la communication peut avoir des effets négatifs sur un individu. Sans penser à mal, se moquer d’un collaborateur, en faire la cible principale des blagues peut, au fil du temps, être si persistant que cette situation est mal vécue par le collaborateur concerné. Et ce mal-être n’est pas toujours visible : la victime peut ne pas vouloir en parler, peut penser qu’il le mérite ou qu’il interprète mal les choses.
Engager la discussion avec la potentielle victime
Vous voyez qu’un collaborateur a changé d’attitude subitement ou qu’il semble perturbé par quelque chose ? Il est essentiel d’aller lui parler. Pour cela, vous pouvez tout à fait convenir d’un rendez-vous informel, hors du cadre du travail : un déjeuner, par exemple ou une réunion en extérieur (dans un parc, en forêt, etc). Faites preuve de compassion, de bienveillance sans interpréter. Indiquez vos sentiments, vos ressentis : « J’ai le sentiment que… », « Je suis inquiet car… », etc. L’idée est de mettre votre collègue en confiance pour qu’il se sente à l’aise à l’idée de se confier. Peut-être qu’il vous dira que tout va bien, ou qu’il rencontre une difficulté personnelle, mais peut-être aussi que vous aurez vu juste et détecter un problème professionnel.
Demandez-lui s’il souhaite en parler, s’il souhaite plutôt en parler à quelqu’un de plus neutre, ou de plus haut placé hiérarchiquement. Ecoutez votre collègue activement, sans lui couper la parole, sans jugement, juste en acceptant et donnant de la légitimité à ses propos.
Adapter le quotidien de la victime présumée
Si vous êtes manager, vous pouvez, un temps, proposer à la victime présumée d’aménager son temps de travail, ses conditions de travail, le temps qu’une enquête interne soit effectuée. Cela pour apaiser son quotidien, soulager son stress et son anxiété, tout simplement pour la protéger. Si un souci est apparu avec un collègue, vous pouvez limiter les interactions entre les individus : faire en sorte qu’une autre personne interagisse, mettre d’autres collaborateurs sur les projets, alterner les jours de présentiel, être en copie de tous les échanges sans exception, changer les process, être présent lors de toutes les réunions où les deux individus doivent être présents, etc.
Peut-être que la victime a besoin de repos auquel cas vous pouvez lui proposer de prendre des congés, de rester en télétravail, de se rapprocher de son médecin traitant pour voir la nécessité d’un arrêt de travail ou non. En somme, rendez le quotidien moins pesant en lui octroyant du répit.
Prévenir une autorité du travail
Désormais, il est question de prévenir les personnes compétentes et habilitées à gérer les faits de harcèlement au travail, présumés. Prévenir le manager, puis la direction, la médecine du travail, ou encore le CSE demeure des options. Le harcèlement moral est sanctionné pénalement, ce sont des faits très graves qui ne doivent pas rester sous silence. Rédiger un mail de demande de rendez-vous urgent, envoyer un courrier, prendre rendez-vous avec les experts nécessaires, est capital. Dans tous les cas, l’employeur doit être saisi pour qu’il réalise une enquête interne afin de qualifier ou non les faits comme étant relatifs à du harcèlement.
Exprimer les faits en caractérisant la situation
Les menaces et le harcèlement au travail : Lors de votre rendez-vous, la victime comme le témoin vont devoir expliquer les faits. Que se passe-t-il ? A quelle fréquence ? Qui est harcelé ? Qui est le harceleur ? Y a-t-il des exemples concrets ? Des preuves potentielles ? Des témoins ont-ils assisté à des scènes ? Quelles sont les conséquences sur la santé de la victime ? Ses conditions de travail ?
Faire appel à un médiateur ou l’inspection du travail
Un relai externe est parfois utile. La médiation, selon le gouvernement « a pour finalité d’aboutir à la conciliation des parties (victime et harceleur présumé) ; le médiateur leur soumet des propositions écrites en vue de mettre fin au harcèlement ». (Article L 1152-6 du code du travail). Le médiateur est là pour aider la victime mais aussi, parfois, les personnes mises en cause pour harcèlement moral (qui n’en ont pas toujours conscience). L’inspection du travail va également pouvoir intervenir pour écouter, analyser, conseiller et agir concrètement face au harcèlement. Si les faits sont caractérisés et objectifs, l’inspection du Travail rédige un procès verbal, et le transmet au Procureur de la République.
Mener une enquête interne
L’enquête peut être menée par l’employeur ou être déléguée au service RH de l’entreprise. Elle doit être réalisée sans délai, à partir du moment où est porté à sa connaissance le cas d’un harcèlement pour :
- Protéger la victime ;
- Sanctionner le fautif lorsque le harcèlement est avéré.
Les menaces et le harcèlement au travail : S’il n’agit pas en temps et en heure, l’employeur peut être soupçonné de collusion interne. La jurisprudence encadre les modalités de l’enquête. Ainsi l’employeur la mène selon ses critères mais doit s’assurer qu’elle soit exhaustive, impartiale et confidentielle. Il n’est d’ailleurs pas dans l’obligation ni d’entendre le salarié accusé, ni de lui donner accès au dossier. Il existe un délai de prescription des faits de deux mois. Le harcèlement moral est grave. Il doit être dénoncé pour protéger la victime et sanctionner la personne fautive afin de retrouver un climat de travail bienveillant, inspirant et respectueux des droits et libertés de chaque collaboration. La dignité de tout un chacun est un droit fondamental. Que vous soyez victime ou témoin d’actes de harcèlement, il est capital de prévenir votre employeur, la médecine du travail, le CSE ou l’inspection du travail pour qu’une enquête soit réalisée et que des sanctions justes et justifiées soient appliquées.
Mais il est aussi question de sensibiliser votre équipe afin qu’elle prenne conscience de ce qu’est le harcèlement, des conséquences que ce dernier peut avoir.
Éliminez la compétition
Le harcèlement nait souvent d’un sentiment de compétition au travail, qui mène les employés qui se sentent menacés par les compétences des autres employés à rabaisser et saboter leurs efforts en engageant une guerre psychologique. C’est une dynamique de travail dangereuse et problématique. Ne la laissez pas se développer. La compétition au travail se base sur la croyance que les employés voudront être les meilleurs et travailleront plus dur lorsqu’ils sont récompensés par des succès. Bien que la compétition dans certains modèles d’entreprise puisse augmenter la productivité, elle augmente également la rotation des employés et crée un environnement hostile et malveillant.
Encouragez les interactions entre les employés et le management
Les menaces et le harcèlement au travail : Plus vos employés de tous niveaux seront impliqués, moins les travailleurs les plus bas devront prendre les choses en main. Pensez-y comme à « Sa Majesté des mouches » : ne laissez pas les parents s’éloigner de l’ile et tout ira bien pour les enfants.
Lorsque quelqu’un vous fait une remarque blessante, la meilleure chose à faire est de ne pas répondre et de vous éloigner ou contentez-vous d’un mot pour faire comprendre au harceleur que vous n’êtes pas intéressé par ses bêtises. Soyez prêt à aller au-delà des procédures internes à votre entreprise et à porter l’affaire en justice. Un harceleur pourrait interroger sa victime et faire usage de questions rappelant un interrogatoire de police. Ce genre d’interrogatoire pourrait effrayer et culpabiliser la victime, qui pourrait alors s’en sentir anxieuse et isolée. N’écoutez pas les mythes tels que un homme ne pleure pas ou les mots ne peuvent m’atteindre. Les mots blessent et peuvent faire beaucoup de mal et le harcèlement peut faire sombrer quelqu’un dans la tristesse. Méfiez-vous des ragots malicieux et des remarques méchantes adressées comme une blague. Si cela vous blesse, ce n’est pas drôle. Songez à votre réaction. Si la situation s’aggrave, assurez-vous d’avoir un témoin qui pourra appuyer les procédures que vous pourriez engager.
Le harceleur comprendra immédiatement que vous n’acceptez pas son comportement et que vous ne le laisserez pas vous traiter de cette manière. Ne ripostez pas. Les choses pourraient devenir hors de contrôle et vous pourriez être mis en faute. Continuez à être vous-même et à être bien dans votre peau. N’écoutez pas les remarques que cette personne vous fait et ne la laissez pas vous empêcher d’être vous-même. Ne prenez jamais personnellement ce que dit un harceleur, cela détruirait votre estime de vous. Si la situation est très mauvaise, n’ayez pas peur de demander un arrêt maladie ou de prendre votre congé annuel. Continuez à vous plaindre. Sachez que vous n’êtes pas seul. Souvenez-vous que rapporter une situation de harcèlement est essentiel. Vous, comme tout le monde, avez le droit d’être en sécurité, heureux, traité justement et de ne pas être harcelé. Continuez à vous plaindre de la situation jusqu’à ce que quelqu’un vous écoute et vous prenne au sérieux.
Une victime de harcèlement peut se sentir très seule et les effets peuvent se faire sentir sur le long terme, voire toute la vie. Vous pouvez avertir le harceleur que s’il n’arrête pas, vous n’aurez d’autre solution que de vous plaindre à la hiérarchie, car son comportement rend la situation intolérable. Notez dans un journal tous les évènements de harcèlement et gardez toute preuve, comme des emails ou consignes de travail, pour appuyer votre plainte.
En savoir plus sur JeunInfo.J.I.
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