Famille recomposée : comment la réussir ?
Famille recomposée : sous une myriade de formes et de ramifications-couple homme-femme ou couple homosexuel, parents biologiques ou adoptifs, demi-frères et sœurs ou enfants sans liens de sang-, elle s’est taillé une place à côté de la famille traditionnelle restée la référence unique pendant des siècles. Le phénomène demeure encore relativement marginal , mais il progresse chaque année.
Qu ‘est-ce que la famille recomposée ?
Une famille, recomposée peut compter les membres suivants :
- Des demi-frères ou demi-sœurs enfant avec lesquels on à un parent en commun
- Des belles-mères ou beaux-pères, nouveaux conjoints de ses parents
- Des quasi-frères ou quasi-sœurs, enfants avec lesquels on a été élevé mais avec qui on n ‘a aucun lien de sang, ceux-ci étant les enfants du nouveau conjoint d ‘un de ses parents, nés d ‘une précédente relation.
La famille recomposée est devenue chose courante, mais elle est encore considérée par certains comme « contre-nature » . En effet, l’élargissement de la famille qui se fait en incluant un passé, matérialisé par la présence des ex-conjoints et des enfants nés de précédentes relations au sein du couple , peut déranger. La recomposition familiale entraîne le renversement d ‘un certain ordre établi . Cette perturbation est à l’origine de l ‘apparition de sentiments tels que la jalousie , la frustration, le sentiment de faire l ‘objet d ‘une exclusion ou encore de sentiments provenant d ‘une déception relative au fait de ne pas être l ‘unique attraction d ‘un couple. Un enfant peut ressentir un manque d ‘affection et d ‘attention de son parent biologique.
Aussi, il arrive parfois qu ‘il culpabilise quand au fait d ‘avoir un rapport avec son beau-parent pouvant lui faire éprouver un sentiment de trahison envers son autre parent. Le succès de l ‘établissement d ‘une famille recomposée repose donc sur la patience, le temps l ‘installation d ‘une harmonie et le soutien inconditionnel et constant du parent biologique envers son conjoint. Pendant cette construction familiale, les enfants aux liens demi-fraternels au quasi-fraternels peuvent se livrer à une confrontation ayant pour but de permettre à chacun de se positionner de trouver sa place dans ce nouveau cadre familial. De plus, la coopération de tous pour forger de nouvelles habitudes de vie est essentielle .
L’ autorité devra prioritairement être régie par le parent biologique ,mais le beau-parent devra aussi participer au bon fonctionnement de la maison, et donc exercer une forme d ‘autorité. Faisant partie de la famille, le beau-parent a également son mot à dire et sa part de responsabilité en ce qui concerne l ‘enfant du conjoint, dans le quotidien et dans la maison. Sans tout cela, l ‘harmonie et le respect seront difficile acquis. En effet, le beau-parent deviendra un adulte sans autorité et sans responsabilité, et serait exclu et dévalorisé aux yeux de l ‘enfant. Dans une famille recomposée, il est donc possible et souhaitable que, sans abus ou tentative de prendre le rôle de la mère ou du père, le beau-parent ait lui aussi un rôle à jouer dans l ‘éducation de ses quasi-enfants.
De plus, voyant son parent biologique heureux avec le nouveau conjoint, l ‘enfant apprendra à tisser un lien avec ce dernier, ou du moins à le respecter.
Les familles recomposées : un nouveau mode de vie à déchiffrer
Les comportements de ces tribus à géométrie variable, leur organisation et les obstacles qu ‘elles rencontrent focalisent l ‘attention – reflétée par la littérature pléthorique et les nombreuses séries télévisées qui leur sont consacrés. Car elles défrichent un nouveau mode de vie. Réunir un groupe d ‘adultes et d ‘enfants. Dont certains n ‘ont aucun lien de sang ,et faire en sorte que chacun trouve sa place, tout en maintenant un contact rapprocher avec les familles ?d’avant? est une affaire compliquée.
Cela exige du temps, de la patience, une grande souplesse et une capacité à dialoguer quasi-infinie, souligne Claire Régner, psychologue, conseillère familiale et conjugale. Sans oublier une solide dose d ‘ humour pour dédramatiser et prendre le recul nécessaire.
Un chemin miné ? Sans doute. Pourtant, le parcourir n’est pas une gageure. Les familles recomposée heureuse , à l’image de Virginie et Bruno, nous en connaissons tous. S’il n ‘existe pas de clé ouvrant les portes de la réussite, les spécialistes en conseil familial pointent une série de précautions et d ‘avertissements propres à faciliter la construction d ‘une cellule familiale nouvelle. La première-et non la moindre-consiste à savoir sur quel terrain on se trouve. Si toute famille connaît conflits et disputes, la famille recomposée, souffre dès l ‘origine d ‘une fragilité qui lui est propre. Elle s’est construite sur un échec et une souffrance. Nés de l ‘éclatement de la (ou des) précédente(s) union(s).
Lorsque de surcroît la séparation s’est déroulée de façon heureuse, la nouvelle famille en subit les conséquences, insiste Nathalie Guellier, cofondatrice du site parent-solo.fr, les couples se lancent souvent dans cette aventure avec une certaine naïveté. Ils ont le sentiment de recommencer quelque chose de neuf, tout nouveau tout beau puisqu’ils s ‘aiment. Mais l ‘amour n’est pas l ‘unique condition pour réussir sa famille recomposée.
La tâche qui attend le nouveau couple est d ‘autant plus complexe qu ‘il y est confronté de façon subite. Il y a pas de lune de miel dans la famille recomposée : la différence des couples dans la relation donnera naissance à une première famille, ceux engagés dans une logique de recomposition ne disposent pas-ou fort peu-de temps précieux d ‘isolement social où l ‘on n’existe que l ‘un pour l ‘autre, rappelle Émile Devienne coach et auteur de plusieurs essais sur la famille.
Une phase de transition indispensable pour réunir deux familles
D ‘où le conseil donné par de nombreux psychologue : prendre son temps ! Ne pas réunir tout de suite les deux composantes de la nouvelle famille ,mais laisser chacune vivre dans son lieu propre en se rencontrant ponctuellement pour des repas, des sorties le week-end. Une organisation qui donne le loisir de faire connaissance et de commencer à s ‘apprivoiser .
Cela permet au couple de se voir seul et aux enfants de ne pas risquer tout de suite de vivre des conflits de loyauté entre le parent absent et le nouveau conjoint, explique Marie-Dominique Linder, psychothérapeute, auteur d ‘ouvrages sur la famille. Il faut bien sûr que ce mode de vie soit matériellement possible. Mais cette transition représente une phase essentielle. Se précipiter dans une nouvelle relation cache souvent le fait qu ‘on a du mal à vivre seul. Or, être adulte, c’est être capable d ‘être face a soi-même. Si on ne l ‘ a pas appris, ont tombe et on retombera toujours dans la dépendance affective , qui consiste à attendre que l ‘autre vienne combler ses propres manques. Ce temps de latence permet également d’anticiper les problèmes qui vont surgir et de s ‘attaquer à leur résolution sans subir en même temps la pression de la vie commune. L ‘organisation de la future collaboration induit en effet toute une série de conséquences matérielles, t ‘autant plus difficiles à gérer que la séparation s ‘accompagne souvent d ‘une chute du niveau de vie des deux foyers, pas toujours bien anticipée, souligne la pédopsychiatre Marie-Claire Vollejo et la journaliste Anne Lami, auteur de ?Résidence alternée, on arrête ou on continue ? ?
Cette famille doit souvent composer avec un nouveau logement qui va contraindre les enfants à partager leur chambre, voire privé le couple d ‘espace intime. Le déménagement d ‘un ou des deux parents ensemble peut imposer un changement d ‘école, compliqué la rencontre avec l ‘ex parent, etc.
Résoudre d ‘abord les vrais problèmes
Sans parler du cœur de la nouvelle organisation , qui tourne autour de la résidence alternée des enfants, ce mode de vie est de plus en plus courant depuis que la loi du 4 mars 2002 en a légalisé le principe, tout en reconnaissant la coparentalité du père et de la mère. Saluée comme une avancée à l ‘origine, l ‘alternance fait aujourd’hui l ‘objet de controverses. Pour beaucoup de spécialistes de la famille. Elle répond souvent d ‘bord aux besoins de parents qui revendiquent un ?droit à voir? leurs enfants.
Le bon fonctionnement du système s ‘impose de réunir de nombreux paramètres, observe Claire Régner, psychologue-conseillère familiale et conjugale. Il faut que les domiciles des deux familles soient proches, que l ‘on évite tout changement d ‘école , que le parent soient suffisamment souples pour ne pas se focaliser sur un aspect strict de l ‘alternance à 50/50,etc. En fait, cette organisation ne coïncide pas toujours avec l ‘intérêt de l ‘enfant qui éprouve avant tout un besoin de sécurité et de stabilité .
Pour autant, les nombreux soucis de modus vivendi auxquels sont confrontées les familles recomposée ressemblent souvent, aux yeux des spécialistes, à l ‘arbre qui cache la forêt.
Se désespérer parce que son enfant n ‘a pas de chambre à lui n’a guère de sens, poursuit Claire Régner, psychologue-conseillère familiale et conjugale. Un enfant s ‘habitue à n ‘occuper qu ‘un lit superposé ou à ne pas avoir d ‘armoire personnelle s’il se sent intégré dans la cellule familiale.
En fait, les questions d ‘espace ou de garde revêtent une importance symbolique. Elles cristallisent des difficultés plus profondes.
Les problèmes matériels sont les leviers par lesquels s’expriment des conflits affectifs non exprimés, estime Marie-Dominique Linder, psychothérapeute, auteur d ‘ouvrages sur la famille. Les adultes s ‘arc-boutent parfois sur des questions d ‘argent, de rythme de garde, car c’est avec ces arguments qu ‘ils peuvent toucher l ‘ex-conjoint.
Là encore, la réponse consiste en premier lieu à chercher une clarification de la relation entre les ?ex?, seule solution pour être capable de se concentrer plus sereinement sur les problèmes pratiques .
À chacun son rôle dans la famille
Dans la famille elle-même, l ‘ apprentissage de la vie à plusieurs s ‘apparente a un choc entre cultures, qui nécessite un effort d ‘adaptation. Les enfants doivent se repositionner; les uns, face à l ‘arrivée d ‘un grand frère ou grande sœur, le petit dernier à la perspective de perdre soudain son rôle de benjamin ou profit d ‘un plus jeune que lui. Sans oublier la difficulté qu ‘ils pourront tous éprouver en ayant l ‘impression de devoir répartir leur affection entre leurs deux parents, ou en culpabilisant de se sentir proche de leur nouveau beau-père ou belle-mère. Étonnamment, il semble que le fait d ‘avoir un enfant biologique facilite les choses.
Cela me surprend moi-même, mais je l’ai souvent observé ,affirme Marie-Dominique Linder, psychothérapeute-psychanalyse, auteur d ‘ouvrages sur la famille. L ‘arrivé d ‘un bébé apporte une cohésion il rassure, il donne un sentiment de sentiment de sécurité au couple. Il abolit même les tensions avec les ex-conjoints. Mais il ne faut pas en faire une recette : faire un enfant pour résoudre les problèmes, cela ne marche pas .
Parallèlement les deux adultes doivent se déterminer- et s ‘entendre-sur le rôle que chacun va tenir dans la famille et à l ‘égard des enfants de l ‘autre pas facile pour un ?beau-parent?de créer un mode de relation avec les enfants de son conjoint, quelque part entre l ‘ amitié et la parentalité .
Cela se traduit par des questions très terre à terre ,commente Nathalie Gueller de parent-solo.fr. Ai-je le droit de me fâcher, puis-je intervenir quand les enfants de mon compagnon se tiennent mal à table…
Mais l ‘apprentissage du rôle de beau-parent peut aussi exiger une grande maturité affective quand il revient à admettre ses faiblesses.
Ainsi, une femme sans enfant devra faire l ‘effort de reconnaître qu’elle peut être jalouse des enfants de son nouveau compagnon, explique Marie-Dominique Linder ce sera à lui de l ‘aider à trouver sa place sans la mettre au même niveau que ses enfants.
Famille recomposée : créer une nouvelle histoire
La discipline , en particulier, fournit matière à nombre de conflits . Les règles d ‘éducation renvoient à une continuité avec l ‘ancienne famille. Certains parents ont tendance à s’accrocher à ses principes qui représentent un domaine connu.
On est un peu écartelé entre le désir de se faire aimer, le sentiment de devoir poser sa légitimité d ‘adulte, l ‘engagement qu ‘on veut manifester vis-à-vis des décisions touchant cet enfant avec lequel on vit, la crainte de voler la place du « vrai » père commente Philippe. Quand le fils de ma compagne à demander à m’appeler « pa », le feu rouge de l ‘alarme à retenti dans ma tête. Je lui expliqué que pa, c’était la moitié de papa et qu ‘il en avait déjà un. Moi je suis une présence masculine à ses côtés.
Autant de difficultés qui explique sans doute la mise en sommeil du projet de statut de beau-père qui avait été un temps envisager par le législateur. Ce maelström émotionnel demande une vigilance permanente de la part du nouveau couple qui tient la barre. Comment ne pas risquer de se laisser déborder ? Il faut parler, sans cesse, communiquer , négocier faire preuve de souplesse .
Et se dire dans le fond, qu ‘on ne « recompose » pas une famille, conclut Marie-Dominique Linder, psychothérapeute-psychanalyse, auteur d ‘ouvrages sur la famille. On crée une nouvelle histoire avec des compositions différentes.
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