Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ?
En finir avec sa dépendance aux jeux vidéos : des heures à jouer sans s’arrêter ? L’addiction aux jeux vidéos peut toucher aussi bien les enfants, ados que les adultes. On l’associe souvent aux adolescents qui passent la nuit à jouer en ligne, sans boire, manger, ni dormir. Pourtant, la dépendance aux jeux vidéo est le lot de tous. Derrière l’écran de fumée des personnages gonflés à bloc se trouvent également des pères et mères de famille, des personnes isolées, seules et parfois souffrantes, des jeunes filles qui « s’achètent » un physique parfait pour tromper la réalité. L’anonymat du virtuel sert et dessert à la fois. Mais lorsque l’on préfère sa compagnie à celle de notre famille et de nos amis, que le jeu est notre unique réconfort ou que cela affecte notre rendement scolaire ou professionnel, c’est le signe d’un déséquilibre dont la cause est peut-être une dépendance, ou plus précisément, une cyberdépendance. La dépendance au jeu vidéo peut affaiblir vos relations avec vos proches, vous faire perdre de l’argent, vous conduire à négliger vos obligations les plus importantes et vous faire perdre des centaines d’heures. En suivant quelques étapes simples, vous pourrez facilement surmonter votre addiction aux jeux vidéos.
Quel est le nom de l’addiction aux jeux vidéo ?
L’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) reconnaît l’existence du « trouble du jeu vidéo » ou « gaming disorder » dans sa onzième révision de la classification statistique internationale des maladies et des problèmes connexes (CIM-11) qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022, informe le Dr Juliette Hazart, addictologue. « Le qualificatif d’addiction aux jeux vidéo est encore débattu même si l’usage du jeu vidéo comporte certaines caractéristiques similaires à celles observées dans les addictions comportementales. »
Qu’est-ce que la cyberdépendance?
La dépendance aux jeux vidéo fait partie de la grande famille des cyberdépendances, qui elle-même, est considérée comme une forme de dépendance. Dans une cyberdépendance, l’objet du problème est un comportement ou une activité qui est effectuée par l’intermédiaire d’Internet. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5), la dépendance se définit comme «?un comportement persistant et récurrent lié à l’utilisation d’une substance ou à un comportement, causant une détresse ou une perte de fonctionnement cliniquement significative. »
Les dépendances sont réparties en 2 grands groupes que sont :
1. Les troubles liés à l’usage de substances (alcool, caféine, drogues, etc.)
- Dépendance physique
- Besoin physique incontrôlable, voire insupportable de consommer (craving)
- Développement d’une tolérance aux effets de la substance signifiant que la personne a besoin de doses de plus en plus fortes
- Sevrage aux effets physiques importants (diarrhée, vomissements, migraines, etc.)
2. Les troubles non liés aux substances (jeu, pornographie, etc.)
- Dépendance comportementale
- Besoin psychologique lié à un comportement obsessif ou compulsif
- Le manque se manifeste par des symptômes psychologiques (anxiété sévère, détresse, frustration, insomnie, mauvaise humeur, etc.)
La cyberdépendance partage plusieurs points communs avec la dépendance comportementale. En effet, les personnes qui en souffrent témoignent des mêmes conséquences que ceux qui ont une dépendance au jeu ou à la pornographie : sentiments dépressifs accentués, difficultés communicationnelles, conséquences majeures sur les activités sociales et scolaires. Certains experts vont même jusqu’à affirmer que les stimulations au cerveau lors de l’utilisation pathologique d’Internet sont similaires à celles liées à la consommation de drogues. »Pour parler de trouble du jeu vidéo, la CIM-11 a retenu plusieurs critères dont la perte de contrôle sur le jeu. C’est-à-dire qu’il y a perte du libre arbitre sur la conduite de jeu avec une pratique qui se produit à un moment où ça n’était pas prévu et dure plus longtemps que ce qui était planifié » poursuit l’addictologue. « De plus, la priorité est accordée à l’activité de jeu vidéo en regard d’autres activités quotidiennes et d’autres loisirs qui étaient auparavant investis. On assiste à une poursuite de la pratique malgré les conséquences dommageables directement liées à l’activité de jeu. »
Ces conséquences se manifestent sur le plan personnel, familial, social, éducatif, professionnel… « L’ensemble de ces manifestations doivent être présentes pendant au moins 12 mois pour considérer qu’il y a un trouble du jeu vidéo. »
Comment savoir si on est dépendant aux jeux vidéo?
Il y a plusieurs critères qui servent à savoir si vous êtes addict aux jeux vidéos :
- S’il y a perte du contrôle sur le jeu.
- Si la priorité est accordée à l’activité de jeu vidéo « au dépend d’autres activités quotidiennes et d’autres loisirs qui étaient auparavant investis. »
- Si la personne continue de jouer malgré les conséquences néfastes : « Il faut toujours s’intéresser à la fonction du jeu dans la vie de la personne pour voir dans quelle mesure l’usage excessif du jeu peut se rapprocher d’un trouble du jeu vidéo. Est-ce par exemple une stratégie mise en place pour faire face à d’autres difficultés comme des troubles émotionnels ou psychiatriques (dépression, troubles anxieux…) ? »
Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ?L’ensemble des critères doit être présent pour différencier les addicts aux jeux vidéo des joueurs passionnés et qui jouent beaucoup. « La fréquence et la durée du jeu ne sont pas de bons indicateurs pour considérer qu’il y a un usage problématique. Oui, les personnes ayant un trouble du jeu vidéo jouent souvent de façon intensive mais ça n’est pas toujours le cas » précise la spécialiste. « A contrario, des personnes peuvent jouer plusieurs heures par jour et cela sans retentissement dans leurs activités au quotidien. Elles ont un usage intensif qui n’est pas pathologique. » Les études démontrent que les hommes entre 13 et 30 ans sont plus susceptibles de développer une dépendance aux jeux vidéo. Cela ne signifie pas que les femmes ou les hommes plus âgés ne sont pas à risque, loin de là. Mais savoir que ce problème est plus répandu chez certaines catégories de personne que d’autres nous permet de porter une attention vigilante aux signaux annonciateurs.
Bien qu’il n’y ait pas de critères officiellement reconnus pour diagnostiquer la cyberdépendance et la dépendance aux jeux vidéo, des chercheurs se sont inspirés des différents outils utilisés pour mesurer la dépendance comportementale afin de définir des balises qui facilitent le traitement du trouble. Parmi les ouvrages publiés sur le sujet, on retrouve le CyberPsychology & Behavior. Ce guide, produit par un collectif de spécialistes sous l’égide de Chih-Hung Ko6 regroupe un ensemble de critères permettant de déterminer qu’une personne a une utilisation problématique d’Internet et risque de souffrir d’un trouble de cyberdépendance.
En voici quelques exemples :
- Des échecs répétés en tentant de résister à l’impulsion d’utiliser Internet
- Une augmentation marquée de la durée d’utilisation d’Internet pour arriver au niveau de satisfaction désiré
- Des efforts excessifs pour obtenir l’accès ou une connexion à Internet
- L’usage démesuré d’Internet malgré la connaissance d’un problème physique ou psychologique causé ou exacerbé par cette utilisation.
Quelles sont les causes ?
L’addiction aux jeux vidéo est causée par deux facteurs principaux.
La conception du jeu
Les jeux sont conçus pour capter l’attention et augmenter le temps de jeu. Pour cela l’industrie les veut engageants, divertissants et amusants. Ils sont également déployés de façon à activer les circuits de récompense en renforçant la reconnaissance sociale du joueur,la compétition et la cohésion de groupe. Ces dernières caractéristiques sont plus à risque d’addiction. Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? La conception du jeu joue donc un rôle important pour garder les joueurs accrochés et est en partie responsable du développement de problèmes de dépendance aux jeux vidéo.
Des troubles psychologiques
Une grande anxiété ou un épisode de dépression peuvent être des facteurs de risque car dans ce cas les jeux peuvent être vécus comme une échappatoire. L’autisme, le TDAH ou encore une faible estime de soi peuvent également être des facteurs de risque.
Comment différencier passion et addiction ?
Une personne qui joue aux jeux vidéo n’est pas nécessairement dépendante, il peut s’agir d’une forme de loisir comme une autre. La différence entre une passion et une addiction réside dans le fait de continuer à jouer malgré l’impact négatif que cela a sur sa vie personnelle et professionnelle. D’autres signes peuvent laisser présager d’une addiction aux jeux vidéos notamment si la personne :
- ment sur le nombre d’heures passées à jouer ;
- dépense de l’argent qu’elle n’est pas censée dépenser ;
- utilise la carte bancaire d’un tiers pour acheter des jeux, par exemple dans le cas d’un enfant ou adolescent dérobant la carte de ses parents ;
- joue à des jeux pour s’échapper ou pour soulager une humeur négative ;
- joue à des jeux au détriment d’une opportunité sociale, scolaire ou professionnelle ;
- continue de jouer à des jeux même après que cela ait eu un impact négatif important, par exemple après avoir abandonné ses études, ou dans un contexte de divorce ou de séparation.
La présence d’un seul de ces critères ne fait pas du joueur un cyberaddict, c’est la combinaison de plusieurs de ces signes qui doit alerter.
Est-ce grave d’être dépendant aux jeux vidéo??
La dépendance aux jeux vidéo, bien qu’elle ne cause pas de problèmes physiques autres que des problèmes de posture ou des troubles musculaires, est souvent responsable de l’apparition de problèmes sociaux et psychologiques sévères. Effectivement, jouer exagérément aux jeux vidéo comporte un risque significatif sur le plan du fonctionnement en société, car cela a habituellement pour effet de réduire considérablement les occasions de socialiser et de créer des liens solides avec des amis. L’abus peut aussi détériorer les relations déjà existantes; la personne ne quittant plus son écran, les amis y voient du désintérêt, la camaraderie s’émousse et l’éloignement se crée. En plus des effets marqués sur la sociabilité, passer trop de temps devant son écran augmente également les risques de dépression, diminue la performance scolaire et accroît le risque de développer des problèmes de comportement. Être accro aux jeux vidéo peut donc avoir des conséquences relativement graves.
De plus, des recherches démontrent que la dépendance aux jeux vidéo peut provoquer des symptômes de sevrage similaires à ceux qui se manifestent lorsqu’on arrête de consommer une drogue. En effet, la personne qui passe la majorité de son temps à jouer et qui arrête brusquement verra son anxiété grimper en flèche. Celle-ci peut se manifester par des symptômes physiques allant jusqu’à des tremblements et des sueurs froides . Ces constats ne font que confirmer l’importance de porter attention aux signaux de détresse et de ne pas banaliser cette dépendance.
Quels sont les risques de l’addiction aux jeux vidéo ?
Une dépendance aux jeux vidéo peut impacter la vie quotidienne et la santé mentale :
- cela peut affecter les résultats scolaires : la personne peut refuser d’aller à l’école ou même abandonner l’université ;
- Cela peut affecter la vie sociale : perdre les interactions en face à face et moins sortir peut isoler socialement ;
- Cela peut engendrer des troubles psychologiques : changements d’humeur, irritabilité, augmentation de l’anxiété, dépression ou pensées suicidaires.
- cela peut provoquer une privation de sommeil et des insomnies,
- Certains jeux vidéo étant payants, leur surconsommation peut entraîner la perte de beaucoup d’argent ;
- enfin, les jeux vidéo étant très chronophages, cela peut affecter les capacités de la personne à obtenir ou conserver un emploi.
- Le trouble du jeu vidéo peut conduire à une diminution des interactions sociales voire un isolement social et une diminution des activités physiques. Les troubles du sommeil sont fréquents » informe le Dr Hazart.
- Certaines personnes ont des difficultés à distinguer la fiction de la réalité.
- « Certains jeux de rôle multijoueurs en ligne comme les MMORPG (Massively Multiplayer Online Role Playing Games) conduisent souvent à un sentiment de dépendance au groupe. »
Que pouvez-vous faire pour maîtriser votre consommation de jeux vidéo ?
Les conseils suivant peuvent vous aider à contrôler le temps de jeux vidéo :
- soyez attentif à vos sensations de fatigue, faim, soif et respectez-les en vous arrêtant pour les satisfaire ;
- avant de commencer à jouer, fixez des objectifs à atteindre et arrêtez le jeu une fois ces derniers atteints ;
- définissez préalablement des pauses dans votre jeu ;
- déterminez une durée maximale d’utilisation par jour ou par semaine ;
- Contrôlez votre temps de jeux en gardant un oeil sur la montre et en mettant une alarme si nécessaire ;
- demandez à votre entourage d’interrompre votre jeu au bout d’un temps déterminé à l’avance ;
- placez l’écran dans un espace partagé du logement : pas d’écran dans la chambre !
- planifiez d’autres activités que vous aimez dans la journée ;
- partagez votre vécu du jeu avec votre entourage (ce qui vous plaît dans le jeu, ce que vous aimez moins).
Si malgré la mise en place de ces mesures, le contrôle de votre temps de jeu vous échappe, parlez-en avec un médecin.
Ne cherchez pas des excuses
Admettez-le. N’essayez pas de rationaliser le problème, de le nier, de l’ignorer, de vous justifier ou de vous comparer à des gens. Essayez simplement de trouver une solution.
Élaborez un plan pour combattre votre addiction
Établissez un budget annuel avec une limite raisonnable. Essayez également d’éviter de faire des achats impulsifs. Cela vous aidera non seulement à soigner votre addiction, mais aussi à économiser de l’argent.
Changez votre mentalité
Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? Soyez conscient du fait que les jeux vidéos auxquels vous jouez maintenant ne vous serviront à rien dans les cinq prochaines années ou même dans un an. Rendez-vous bien compte que vous n’obtenez rien de productif en jouant à des jeux vidéos et qu’après cinq ans, votre collection de jeux sera inutile. Vos meilleurs scores n’auront plus de prestige dans cinq ans.
Ne soyez pas perfectionniste
N’essayez pas de terminer à 100 % vos parties de jeux, car vous devez généralement y consacrer des dizaines d’heures. Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? Même si vous avez l’impression d’éprouver un sentiment de satisfaction quand vous débloquiez toutes les parties des jeux, sachez que cela n’apporte aucun avantage tangible.
Limitez votre temps de jeu et arrêtez graduellement
Par exemple, si vous avez l’habitude de passer 20 heures devant vos jeux vidéos par semaine, réduisez à 18 heures, puis à 16 heures et ainsi de suite.
Récompensez-vous à chaque progrès
Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? Ne jouez surtout pas à des jeux vidéos pour vous récompenser, mais faites-vous plaisir avec une glace ou avec quelque chose d’amusant. Vous pouvez même faire appel à un membre de votre famille ou un ami.
Engagez-vous à faire toutes vos tâches avant de jouer
Vous ne devriez jouer à des jeux vidéos que pour récompenser les bons comportements et non les mauvais.
Demandez de l’aide à un proche
Envisagez de demander à un membre de votre famille ou à un ami de vous garder tous vos jeux vidéos pendant une ou deux semaines.
Attaquez le problème à la base
Plus important encore, vous devez résoudre à sa racine le problème qui crée chez vous ce comportement addictif. La plupart des addictions sont un cercle vicieux. Vous complaire dans des vices entrainera des problèmes que vous pouvez certes atténuer temporairement, mais ce cycle recommencera chaque fois que vous vous plongez dans ces vices.
Quel traitement en cas de dépendance aux jeux vidéo ?
Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? Le traitement de l’addiction aux jeux vidéo passe par une prise en charge psychologique à l’aide le plus souvent d’une thérapie cognitivo-comportementale (TCC). Le but du traitement est de réduire et contrôler le temps de jeu, l’abstinence n’étant en générale pas réaliste. Il est parfois nécessaire que la thérapie intègre la famille. La thérapie peut être individuelle ou de groupe.
Avertissements : Cette dépendance peut conduire à une négligence de vos vraies responsabilités ou de vos propres besoins. Vous pourriez commencer à vous attacher à l’univers des jeux vidéos. Vous pourriez commencer à jouer de façon excessive à des jeux en ligne (quatre à douze heures de jeu par jour). D’un jour à lendemain, vous pouvez commencer de façon quotidienne. Vous pourriez perdre beaucoup d’argent à cause d’une mauvaise gestion de votre argent. Toutes vos activités en ligne peuvent vous mettre dans l’embarras ou vous faire avoir des remords dans la vraie vie.
Conclusion
Comment en finir avec sa dépendance aux jeux vidéos ? Si possible, évitez de rejoindre des guildes dans des jeux multijoueurs en ligne. Les guildes vous font perdre du temps et des efforts et les dirigeants s’attendent à ce que vous soyez un joueur professionnel ou très actif. Cela peut interférer avec votre routine quotidienne. Essayez de vous adonner à d’autres activités comme le sport, les mots croisés, la programmation ou les blogs au lieu de perdre votre temps à jouer sur votre ordinateur. Limitez le temps que vous consacrez aux jeux vidéos. Au lieu de jouer pendant 5 heures d’affilée, prenez une pause après une heure de jeu et revenez 2 heures plus tard. Améliorez vos normes de jeu. Au lieu d’essayer tous les jeux, choisissez seulement les meilleurs, sans faire attention aux jeux de qualité moyenne ou médiocre. Pensez à louer des jeux (ou à les essayer chez un ami proche) au lieu de les acheter. Cela vous permettra non seulement d’économiser de l’argent, mais aussi de limiter votre temps de jeu.
Regarder des vidéos ou des tutoriels vidéos d’un jeu au lieu de les acheter vous permettra de vivre l’expérience du jeu tout en économisant du temps et de l’argent. N’oubliez pas que ce processus peut prendre du temps.
En savoir plus sur JeunInfo.J.I.
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